« Dans le miroir, je voyais ma mère »

 

   Bénédicte, grande fille fine et saine, 38 ans  

 

« Je me suis trouvée grosse de 15 à 37 ans. J’avais un poids que, aujourd’hui, je considère parfait, mais je ne m’autorisais même pas à aller essayer des vêtements. Je faisais du 38 mais prenais tout en taille 42, pour me cacher. Mon entourage avait beau tenter de me rassurer, rien à faire. J’étais tout le temps au régime. Et même après avoir perdu des kilos, je me trouvais toujours trop costaude. En faisant une analyse, j’ai réalisé que je n’avais pas d’image de moi. Quand je passais devant un miroir, c’était ma mère, grosse, que je voyais. J’avais une relation fusionnelle avec elle, l’image de moi était enfouie en dessous de la sienne. Je me sentais gonflée physiquement par tous les non-dits familiaux. Comprendre tout cela m’a permis de me voir telle que j’étais : pas si grosse et même... pas si mal ! »

« Je ne me mets jamais bras nus ni en maillot deux pièces »

 

Ariane, blonde pulpeuse, 24 ans

 

« Je n’ai pas confiance en moi... et encore moins en mon corps ! Je choisis toujours les vêtements qui me feront paraître plus fine. Je ne me mets jamais bras nus et je ne porte que des maillots une pièce. Je suis perpétuellement au régime parce que j’ai toujours l’impression d’être la plus grosse quand j’entre dans une pièce. Dans la rue, j’imagine que je ressemble à toutes les filles trop grosses. Même s’il me dit le contraire, je reste persuadée que mon copain m’aimerait plus si j’étais plus mince. Je trouverais son amour plus légitime si je perdais du poids. Pourtant, quand je vois une fille qui fait mon poids, généralement, je la trouve jolie et je le lui dis. Peut-être que j’essaie de me persuader... »

« Je pensais être la plus grosse du lycée »

 

Marie, beauté fatale à la taille fine, 42 ans

 

« Adolescente, je pesais 48 kilos pour 1,60 m et je pensais être la plus grosse du lycée. Je faisais un 85C et j’imaginais que cette taille de soutien-gorge était hors normes. J’avais la sensation d’avoir des seins énormes, des hanches extralarges et des jambes poteaux. Ce qui est étrange, c’est que mon idéal de beauté, ce sont les filles rondes et pulpeuses ! Mais moi, je me suis trouvée grosse et molle jusqu’à la naissance de mes enfants. Et puis, pendant ma première grossesse, les médecins ont parlé de mon “petit bassin“. J’étais flattée ! Après, je me suis sentie beaucoup mieux. Depuis, j’ai pris dix kilos en arrêtant de fumer. Aujourd’hui, je me sens un peu trop forte mais exactement comme quand j’avais dix kilos de moins, pas plus ! Et je comprends mieux mes fixations quand je me souviens de la femme de mon père qui me trouvait trop grosse à 14 ans, et de ma mère et ma grand-mère m’expliquant que j’avais les chevilles si épaisses qu’il faudrait les masser pour les affiner. »

« Je suis au régime par anticipation »

 

Cécile, petite brune nerveuse et bien roulée, 40 ans

 

« Je porte du 38 et je suis au régime strict 365 jours par an. Pourquoi ? Par anticipation des kilos que je pourrais prendre, des excès à venir que je préfère prévenir. Mon entourage me trouve folle, mais je suis la seule à me voir nue et grosse, la seule à savoir quand je me sens mal dans mes vêtements... Ce stress me sert à ne pas me laisser aller. »